Peut-on rendre un enfant égoïste et orgueilleux en lui disant souvent combien on l’aime et on le trouve merveilleux

On confond parfois estime de soi et narcissisme. L’estime de soi est la conscience réaliste de ses forces et de ses limites dans différents domaines. Le narcissique cultive l’image de l’être sans défaut, qui ne reconnaît pas ses limites et se surévalue. Le parent qui souligne les succès, les progrès de son enfant contribue à développer son sentiment de compétence. Mais il doit aussi nommer les difficultés auxquelles son enfant se bute et l’encourager à les surmonter.

Si on néglige de nommer les forces et les succès et d’encourager les progrès en mettant l’accent sur les difficultés, elles deviennent pour l’enfant des obstacles voire même des échecs. Il se décourage, ne se fait pas confiance puisqu’il n’a pas pris conscience des forces qui lui permettraient de surmonter les obstacles.

De la même façon, si on évite de confronter l’enfant aux défis qui se présentent en voulant le préserver des frustrations, il n’apprend pas à persévérer, à faire face aux difficultés. Sa perception de lui-même n’est teintée que de compliments, d’émerveillements face à ses qualités et il se croit parfait. Il blâme les autres ou la situation pour ses erreurs et n’admet pas ses limites.

Il est donc important pour le parent d’aider l’enfant à avoir une vision juste et réaliste de ce qu’il est, de ce qu’il peut accomplir. C’est en nommant concrètement les gestes positifs de votre enfant : « Bravo, tu as réussi à mettre ta salopette. Je suis fier de toi, tu as aidé ta sœur à ranger ou tu as su attendre ton tour » que l’enfant acquiert le sentiment de sa valeur personnelle.

Lorsque le petit éprouve une difficulté le parent peut le soutenir en lui disant par exemple : « C’est difficile pour toi de pédaler en tricycle. Tu es en train d’apprendre à pousser sur les pédales. Continue tu y arriveras ». En soulignant ses réussites antérieures, le parent aide l’enfant à persévérer « Tu te souviens comment c’était difficile de grimper sur la colline, tu as pleuré puis tu as essayé et réussi ».

Les encouragements, le soutien lors des pleurs ou des colères devant les difficultés permettront à l’enfant de développer une confiance en lui assez forte pour repousser ses limites et affronter les difficultés de la vie.

N’oublions pas que les fondements même de l’estime de soi reposent sur la relation d’attachement. Dites je t’aime encore encore. Vous fournirez ainsi à votre enfant les vitamines affectives de l’estime de soi. Dites lui pourquoi vous l’aimez, pour son sourire, son petit nez rebondi, son rire en cascades, ses câlins chauds, ses petites blagues, ses gestes généreux, ses efforts pour devenir grand. Il y a tant de raisons de dire « je t’aime ».