Linda Gagnon, psychologue

Mars 2012

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Lorsqu’un enfant adopte un bon comportement, vit une réussite, réalise des progrès ou fait des efforts, prenons le temps de lui décrire ce que nous jugeons satisfaisant[1].  Ainsi, à un enfant qui vient nous chercher pour nous montrer sa construction de blocs, au lieu de simplement dire : « C’est très bien ou je suis fière de toi », nous pourrions lui mentionner, sur un ton interrogatif : « Je crois que tu es fier de toi d’avoir réussi à construire une si grande tour ».

Pour nourrir le discours intérieur de l’enfant et ainsi favoriser le développement de son estime de soi, il faut miser d’abord et avant tout sur des commentaires qui l’aident à s’évaluer et à se féliciter lui-même.  Ainsi, au lieu de toujours dire ce que nous pensons de ses réalisations, amenons-le peu à peu à identifier et à exprimer son propre sentiment de fierté ou de satisfaction.  En aidant l’enfant à porter des jugements sur ses actions, nous favorisons son autonomie.

En essayant de transformer nos « félicitations » en « encouragements descriptifs », nous acceptons de délaisser notre position d’évaluateur afin d’aider l’enfant à porter lui-même un jugement sur sa personne, ses actions et ses réalisations.

De plus, il faut également avoir l’humilité de reconnaître que nos intentions concernant l’utilisation des félicitations ne sont peut-être pas toujours aussi louables.   Ainsi, lorsque nous nous adressons aux enfants du groupe afin de féliciter Carolane d’avoir rangé ses jeux si rapidement et d’attendre si patiemment, ne leur transmettons-nous pas le message suivant : « Pourquoi, n’êtes-vous pas capable de faire aussi bien que Carolane? ».
Apprenons à nous méfier des félicitations utilisées comme récompenses dans le but de faire obéir les enfants.  Très souvent notre ton de voix, notre attitude trahissent nos intentions ou notre exaspération.  Les enfants ne sont pas dupes.Si notre intention est réellement d’encourager Carolane,  il est préférable de faire une telle déclaration en privé.  Un tête-à-tête avec l’enfant s’avère beaucoup plus bénéfique pour ce dernier.

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Situation : Myriam donne un morceau de pâte à modeler à un camarade.

Félicitation : « Tu es gentille. »

Encouragement :  L’éducatrice aide Myriam à prendre conscience de l’effet de son geste : « Tu as partagé la pâte à modeler avec Jeff.  As-tu vu son sourire?  Il était content. »

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Situation : Jason présente fièrement son bricolage à son éducatrice.

Félicitation : « Je suis fière de toi, c’est super beau! »

Encouragement :  L’éducatrice essaie de mettre des mots sur ses sentiments : « Tu as travaillé longtemps sur ton bricolage.   Je vois que tu as découpé et collé beaucoup de morceaux.  Tu as choisi différentes couleurs.  J’ai l’impression que tu es heureux et fier de toi? »

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Situation : Carolane attend calmement à la table pendant que l’éducatrice prépare le matériel, les autres enfants sont agités.

Félicitation : « J’apprécie beaucoup la patience de Carolane, est-ce qu’il y a d’autres amis  qui sont capables d’être patients?»

Encouragement :  L’éducatrice réalise une intervention auprès du groupe afin de le calmer. Elle mentionne en privé à Carolane : « Merci, Carolane de ta patience. »

 


[1] FIELDS V. Marjorie and Cindy BOESSER.  Constructive guidance and discipline: preschool and primary education.Columbia.  Merril Prentice Hall. 2002. p. 202-205.