Linda Gagnon, psychologue et consultante petite enfance

Octobre 2012

www.aveclenfant.com

Source : Traduction libre. Center on the social foundations for early learning, www.csefel.uiuc.edu, Module 1.

Prenons-nous le temps de planifier nos propos avant d’aborder une difficulté vécue par un enfant auprès de ses parents?  En choisissant de le faire, nous pourrions limiter bon nombre d’écueils relationnels liés à des interprétations erronées et à des réactions de défenses.  N’hésitons pas inscrire nos idées avant de les présenter aux parents, il y a des moments où l’organisation de nos idées s’avère nettement plus efficace que l’improvisation!

 

1- Dès les premières minutes, être claire en ce qui a trait à l’habileté que vous souhaitez que l’enfant développe.

2- Exprimer les avantages que l’enfant retirera de l’acquisition de cette habileté. Identifier vos inquiétudes envers l’enfant.

3- Demander aux parents s’ils vivent une situation similaire.

4- Indiquer aux parents que vous souhaitez travailler en équipe pour développer l’habileté de l’enfant.

5- Décrire aux parents les incidents, seulement lorsqu’ils est clair que l’objectif est d’aider l’enfant et non de les blâmer.

6- Proposer aux parents d’identifier ensemble des stratégies pour aider l’enfant, tant à la maison qu’à la garderie.

7- Mentionner aux parents que pour développer des habiletés, l’enfant a besoin :

 

Voici concrètement à ce que ces sept stratégies en action peuvent ressembler.

1- Dès les premières minutes, être claire en ce qui a trait à l’habileté que vous souhaitez que l’enfant développe.

« Joshua doit se pratiquer à faire des belles demandes : «  les mains sur ses jambes », lorsqu’il veut obtenir quelque chose. »

ÉVITER d’amorcer la discussion en exprimant votre sentiment d’exaspération.

« J’ai tout essayé!  C’est trop difficile!  Vous devez faire quelque chose! »

 

2- Exprimer les avantages que l’enfant retirera de l’acquisition de cette habileté. Identifier vos inquiétudes envers l’enfant.

« Le fait qu’il soit difficile pour lui de faire de belles demandes me préoccupe beaucoup parce qu’il vit beaucoup de conflits.  En devenant plus habile, les autres enfants exprimeront moins souvent  de colère envers lui  et l’accepteront plus facilement dans leurs jeux.  De plus, il recevra moins des réprimandes de ma part. Je suis convaincue qu’il passera de plus belles journées. »

ÉVITER d’amorcer la discussion, en disant que le comportement est intolérable.

« Ça n’a plus de bon sens.  Ça ne peut plus continuer comme ça, il arrache toujours les jouets ». Cela suscite de l’inquiétude quant à l’amour et à l’affection que l’éducatrice porte à l’enfant.

 

3- Demander aux parents s’ils vivent une situation similaire.

« À la maison, est que Joshua vit des difficultés en ce qui a trait aux demandes? »

ÉVITER de demander aux parents pourquoi d’après eux l’enfant agit de cette façon.

« Est-ce qu’il s’est passé quelque chose à la maison? »  Le parent se dit alors : « Elle pense que c’est notre faute ».Cela suscite une attitude de défensive.

 

4- Indiquer aux parents que vous souhaitez travailler en équipe pour développer l’habileté de l’enfant.

« Afin de mieux aider Joshua à faire des belles demandes, j’ai pensé que nous pourrions travailler ensemble.Nous pourrions l’observer au cours des prochains jours et la semaine prochaine, échanger nos idées sur les meilleurs moyens à expérimenter pour le soutenir et l’encourager »

ÉVITER d’indiquer aux parents qu’ils doivent prendre action.

« Je crois qu’il serait important d’être plus ferme avec Joshua lorsqu’il arrache des jouets ou des objets. »

5- Décrire aux parents les incidents, seulement lorsqu’ils est clair que l’objectif est d’aider l’enfant et non de les blâmer.

« Aujourd’hui, il voulait le verre bleu et il a tiré sur le verre plutôt que le demander.  Hier, il voulait un des wagons du train de Jasmine.  Il a oublié de faire sa demande.  Un conflit a éclaté.  Lorsque Jasmine a compris qu’il avait besoin d’un seul wagon, elle a accepté.  Ce comportement se répète au cours de la semaine. »

ÉVITER d’initier la conversation en listant les comportements dérangeants.

« Aujourd’hui, Joshua a fait pleurer deux de ses amis.  Il a encore arraché les jouets.  Il m’a arraché un verre, j’ai presque renversé le jus. Hier, il a tiré sur le livre que je lisais aux amis, il a arraché un casse-tête à un enfant de 18 mois, celui-ci est tombé par terre. Il crée beaucoup de conflits.  À tous les jours, il arrive quelque chose.  C’est épuisant »

6- Proposer aux parents d’identifier ensemble des stratégies pour aider l’enfant, tant à la maison qu’à la garderie.

« J’ai pensé que nous pourrions encourager Joshua à acquérir cette habileté en s’amusant avec lui.  Par exemple, disposer des objets devant lui comme s’il était au magasin.  L’adulte  joue le rôle du commerçant.  Joshua doit faire une belle demande en conservant ses mains sur ses jambes et en me regardant.  Lorsqu’il réussi, il gagne un jeton. Lorsque le jeu est terminé, il me remet les jetons pour un autre jeu. J’inscrirai ses réussites sur une feuille. »

ÉVITER de laisser entendre aux parents que c’est à eux qu’incombe la responsabilité de modifier le comportement ciblé.

« Moi, j’ai tout essayé.  Je ne sais plus quoi faire…Soupir! (sous-entendu : vous devez faire quelque chose) »

 

7- Mentionner aux parents que pour développer des habiletés, l’enfant a besoin :

-de support

-de pratique

-d’encouragements

« Pour qu’il soit habile à faire des belles demandes, il est important de lui offrir du soutien, de le pratiquer et surtout d’encourager ses progrès. »

ÉVITER de mentionner aux parents que pour modifier un comportement inacceptable, l’enfant a besoin :

-d’encadrement

-de discipline

-de conséquences

« Sans encadrement et sans constance au niveau des conséquences, Joshua va continuer à arracher les jouets. »

Bien sûr cela exige de prendre le temps de se préparer, toutefois que de minutes d’économiser à ne pas être stressée ou préoccupée lorsque nous travaillons en collaboration grâce à une communication professionnelle.