Sylvie Bourcier, intervenante en petite enfance

Mai 2012

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Contrairement au conte où il peut imaginer la scène à sa façon en y imposant ses propres limites et dans lequel l’adulte conteur peut moduler sa voix en fonction des réactions de l’enfant, la télévision propulse l’enfant dans des scènes soudaines, inattendues et parfois bouleversantes.

La peur est ressentie selon l’âge et le sexe du téléspectateur. Les enfants d’âge préscolaire ne distinguent pas toujours la réalité de la fiction. C’est pourquoi les créatures et les monstres les effraient tant. Mais les enfants en redemandent parce qu’ils éprouvent une réelle satisfaction lorsqu’ils arrivent à affronter la peur. Il ne s’agit donc pas d’épargner la peur aux enfants mais bien de les aider à la surmonter, à l’apprivoiser. Si les peurs sont trop grandes, l’enfant sera incapable d’y faire face et pourra ressentir une insécurité et se percevoir faible et fragile.

C’est la connaissance de leur enfant qui permet aux parents de juger du niveau acceptable d’une émission ou d’un film. Cette connaissance repose sur l’écoute des commentaires, des questions, des champs d’intérêt et sur l’observation de ses réactions. On observe plusieurs manifestations d’anxiété chez les enfants affectés par certaines images : agitation, sidération, accélération de la respiration, transpiration, tension musculaire. Les petits cherchent à se protéger. Ils se ferment les yeux, se rapprochent de leurs parents, se cachent les yeux sous un coussin.

 

Le rôle des parents est important. D’abord, les parents apprennent aux enfants à identifier et exprimer leurs émotions. La disponibilité, durant et après le visionnement, ainsi qu’une écoute objective et sans jugement permettent aux parents d’en constater les effets, de rassurer l’enfant d’un geste réconfortant, de favoriser l’expression des émotions ressenties et de recadrer la situation. Ainsi, on évite de laisser l’enfant seul avec sa peur alors qu’il ne comprend pas sa réaction. Comment alors y faire face quand on ne sait même pas à quoi on a affaire et que l’on ne peut évaluer la situation à sa juste mesure ? Les activités de défoulement ludiques ou créatives peuvent aider les petits à canaliser l’agitation à la suite d’images d’action troublantes. Beaucoup d’enfants reconnaissent qu’il y a des émissions qui font peur et préfèrent les éviter.

L’implication des parents est donc essentielle puisqu’ils peuvent aider leur enfant à rationaliser, à distinguer ce qui relève de la réalité et de la fiction, et surtout à exprimer les sentiments qui sont difficiles à identifier.


[1] Tiré de L’enfant et les écrans. Chapitre 4. L’influence des images violentes. Sylvie Bourcier 2010. Éditions Chu Sainte-Justine.