Jouer dehors l’hiver chez Yvette… En salopette

( Jouer dehors avec les bambins: une occasion pour partager le plaisir !)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Yvette est une RSG qui a la bougeotte tout comme les tout-petits de son groupe. Elle sait que son rôle de RSG est d’offrir quotidiennement aux enfants l’environnement le plus propice possible à leur plein épanouissement et à leur développement optimal et que pour cela rien ne surpasse le jeu extérieur ! Toutefois, dans notre beau pays, le temps froid s’installe dès l’automne et s’étire sur quelques mois entraînant avec lui, son lot de défis. Jouer dehors en hiver peut parfois être synonyme: de froid, d’une période plus difficile à l’habillement, des enfants moins habiles à se mouvoir sur des chemins enneigés et/ou glacés, des envies de pipi alors que nous venons tout juste de mettre le nez dehors, des petites mains gelées à cause des mitaines perdues et bien plus encore… Pour Yvette, comme pour plusieurs RSG, il n’en demeure pas moins inconcevable de priver des bonheurs de l’hiver, les enfants qui fréquentent leurs services de garde éducatifs profitent des immenses bienfaits des jeux extérieurs quotidiens. Encourager les enfants à découvrir les merveilles hivernales dès leur jeune âge les stimule à continuer de profiter de la saison givrée lorsqu’ils grandissent. Le fait de passer du temps dehors au froid développe leur créativité et éveille leur raisonnement, puisque jouer à l’extérieur paraît très différent en hiver. L’équipement des terrains de jeu étant gelés ou recouvert de neige, les enfants doivent faire appel à leur imagination pour trouver différentes façons de jouer dehors. Tout cela Yvette le fait très bien, en exerçant son métier, car elle mise d’abord et avant tout sur la notion de plaisir et à tout mis en œuvre afin de réduire les irritants que cette saison peut occasionner. Yvette fait des efforts pour organiser sa cour afin de permettre aux enfants d’être actifs l’hiver à l’extérieur. Mais un autre défi se présente soit l’organisation efficace de la routine de l’habillement. En effet plusieurs facteurs sont à considérer pour rendre ce moment agréable en hiver, les âges variés de son groupe, l’emplacement physiques du vestiaire, les demandes multiples des enfants et l’aide à apporter aux enfants plus jeunes. Ses sources de stress peuvent parfois limiter la RSG dans son élan à aller dehors l’hiver. L’organisation de l’habillement est autant que le matériel à mettre en place dans la cour. Yvette doit se rappeler que les capacités des enfants varient selon l’âge et que l’habillement demande des habiletés en motricité fine, une connaissance du schéma corporel et l’organisation des étapes de chacun des vêtements. (Par exemple ne pas mettre les bottes avant la salopette.) Yvette observe que son petit Victor 20 mois a besoin de manipuler ses vêtements, de les sentir, de les lancer, d’essayer de les mettre. Par exemple, il va mettre les mitaines ou le chapeau dans ses pieds. C’est un explorateur, il a besoin de faire les choses de différentes façons. Ses expériences lui permettront de raffiner ses gestes. Le petit doit apprendre à reconnaître ses vêtements avant de commencer à s’habiller. L’encadrement dans un espace connu facilitera la concentration à la tâche. Juliette 24 mois prend plaisir à couvrir ses extrémités, elle met son chapeau sur sa tête, elle met ses bottes et travaille fort à mettre ses mitaines. Pour Simone 3 ans, la motricité fine est plus développée, elle enfile avec plus de facilité son manteau, son chapeau puisque cet exercice demande moins de précision. Alors qu’elle éprouve plus de difficulté à boutonner et à relever sa fermeture éclair, son niveau de motricité fine et de la coordination est en apprentissage. Émile 3 ans ½ démontre de plus en plus d’habiletés motrices pour s’habiller. Il est plus capable de finaliser ses attaches et mettre ses bottes avec velcro. Alors que Chloé et Charles Étienne 4 ans ont une motricité fine beaucoup plus développée. À cet âge l’entraide est une belle façon de valoriser les compétences. Les besoins différents de chacun demandent à la RSG de prendre en considération les capacités de l’enfant et lui faire vivre des défis à sa mesure. L’utilisation de livres ou l’entraide sont des moyens souvent exploités pour permettre de faire patienter les enfants plus vieux ayant plus de capacités motrices. Le matériel nouveau et pertinent peut davantage permettre à l’enfant d’être plus respectueux des consignes durant ce moment de vie. Le peu d’espace qu’offre souvent le vestiaire oblige d’avoir du matériel adapté à ce moment qui demande peu de rangement et apporte du plaisir dans l’attente. Les idées proposées suivantes permettront de donner la chance aux enfants un peu moins rapides de faire des apprentissages à leur rythme tout en stimulant les grands en attente • Appliquez au mur un mandala géant (dessiné sur une feuille) avec des crayons sur corde élastique. • Insérer des objets de manipulation dans des petites pochettes que vous pouvez suspendre au crochet de chacun des enfants. • Préparez-vous un bac d’objets inusités à faire découvrir aux plus grands. Ce bac reste au vestiaire et ne peut- être utilisé qu’à cette période pour garder l’intérêt de l’enfant. Bac à coquillages, bac à mini-pièces de casse-tête disparates (comme un bac à riz mais moins exigeant pour le rangement). • Prenez en photos les enfants dans des poses rigolotes, faites agrandir et affichez les photos. Les enfants peuvent jouer à reprendre les mêmes poses durant l’attente. • Regrouper sur anneau des fiches recettes à regarder pour faire patienter. • Mettre dans le casier de chacun des enfants des albums photos de leur famille. • Fixer au mur une grande feuille avec des crayons suspendus pour dessiner. • Faire photocopier et plastifier des Cherche et Trouve à remettre à l’enfant qui a terminé de s’habiller. Ces idées pourront certainement faire patienter les enfants au vestiaire. Le principe n’est pas de mettre toujours en action l’enfant sans jamais lui faire vivre de l’attente, mais plutôt d’alimenter ces moments. Pour ce qui est de l’attente dans les délais, attendre son dîner, attendre pour jouer, attendre son tour, attendre dans l’auto, attendre…la vie s’en charge bien ! Une fois que tout le monde et bien vêtu, Yvette et sa marmaille peuvent maintenant aller profiter des merveilles dans la cour arrière et explorer la nature durant une nouvelle saison! Un des nombreux avantages d’être une RSG est de pouvoir oser toutes les fantaisies possibles sur son propre terrain! Cette année, Yvette a laissé libre cour à son imagination et a créé un paradis hivernal pour les enfants. En observant les enfants, elle a pu réfléchir à l’endroit le plus stratégique où pousser la neige, afin de l’utiliser pour le jeu extérieur. Avec cette belle neige, elle a créé différents espaces où les défis sont adaptés à chaque enfant. Elle a laissé un espace simplement recouvert d’un fin tapis blanc sur lequel les plus petits peuvent marcher sans trop être incommodé par les amas de neige et où la course des plus grands est encore possible! Des chemins ont été déneigés dans la cour tel un labyrinthe, offrant la possibilité aux enfants de se créer un village ou encore une tonne de cachettes secrètes! Yvette offre également des vaporisateurs contenant de l’eau colorée avec des vieux crayons feutres aux enfants pour qu’ils puissent mettre de jolies couleurs sur les parois des chemins. Il ne faut surtout pas oublier de mentionner la butte de neige placée au centre de la cour qui est l’attrait principale des enfants. Sur cette montagne de neige, les enfants peuvent mettre aux défis toutes leurs capacités motrices, glisser, dégringoler la butte, s’imaginer une forteresse nous protégeant des attaques des boules de neiges… les possibilités sont infinies. Jouer dans la neige est donc propice au jeu créatif et donc un excellent moyen de mettre à l’épreuve l’imagination des enfants. Ce type de jeu n’imposant pas de limites peut être stimulant et amusant pour eux. Il leur apprendra la résolution des problèmes et à recourir à leur créativité. La joie des enfants est si contagieuse qu’Yvette se laisse prendre au jeu et elle aussi ouvre son cœur d’enfant et s’investis dans les jeux. En un instant, elle se réchauffe et, comme les enfants qui en sont ravis, elle ne veut plus revenir à l’intérieur: tout le monde désire prolonger le plaisir de jouer dehors en hiver! « Permettre à l’enfant de jouer dehors, c’est le laisser développer une plus grande créativité et une attitude coopérative dans sa façon de s’amuser et d’agir en général. (…) La présence de modules de jeu a un pouvoir d’attraction sur les enfants. Toutefois, des chercheurs ont constaté que les environnements naturels, c’est-à-dire des environnements comportant moins d’équipements fixes, augmentent le niveau d’activité physique des enfants. » À nous de jouer ! L’extérieur, un terrain de jeu complet, 2018. Yvette et son groupe ont également le loisir d’aller se dégourdir les jambes à l’extérieur peu importe le moment, puisqu’en milieu familial les restrictions en ce qui concerne l’horaire sont quasiment nulle. Il n’est pas rare que l’accueil matinal se fasse à l’extérieur tout comme le départ. Souvent, la période d’après le dodo est plus longue pour jouer à l’extérieur, ce qui laisse plus de temps aux enfants d’organiser leurs jeux et d’ainsi apprivoiser les plaisirs d’être dehors par temps plus froid. Cependant, le solstice d’hiver réduit considérablement le temps d’ensoleillement d’une journée rendant la cour en fin d’après-midi beaucoup moins invitante. Par palier à cet obstacle, Yvette a créé un endroit magique dans sa cour où des guirlandes de centaines de petites lumières scintillantes permettent aux enfants de profiter des joies hivernales et de s’oxygéner les poumons tout en attendant l’arrivée de maman ou de papa! Au fil du temps, Yvette a garni la cour extérieure de son service de garde avec du matériel adapté à la saison (pelles solides, de différentes tailles, des raquettes, des traineaux, des camions, des ballons, des cônes des accessoires de monsieur Patate pour agrémenter les bonhommes de neige, poupées pour les promener dans les traineaux, accessoires de jeux symboliques…). Grâce à tout ce matériel disponible à l’extérieur, il est donc plus facile pour Yvette d’organiser des petits jeux spontanés, comme une chasse aux trésors avec des objets cachés dans la neige ou tout simplement en prolongeant le jeu des enfants avec du matériel varié tel que des assiettes et des ustensiles lorsqu’ils se font des boules de neige pour leur donner l’idée de jouer au restaurant ! Des jeux d’adresse (le lancer de la balle de neige sur un arbre ou dans un seau, les sauts dans les cerceaux…) peuvent également être réalisés rapidement si le matériel est déjà à portée de main. C’est pourquoi, Yvette a prévu des coffres de jouets à l’extérieur et du rangement tout près des portes du service de garde tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Maintenant que Yvette a mis en place des moyens pour alimenter l’attente lors de l’habillage et a aménagé une cour bien organisée pour faire bouger les enfants l’hiver, il ne reste plus qu’à attendre la neige pour avoir assurément beaucoup de plaisir dans la cour! Allez! Tout le monde dehors! On profite de la neige et de l’hiver question de l’aimer plus et… d’avoir de belles joues rouges.

 

 

 

 

Josée Lespérance, enseignante en TEE

 

Julie Lapalme, conseillère pédagogique