Élaine, 2 ans, est une enfant attachante qui démontre des marques d’affection à son éducatrice Maryse. Elle aime particulièrement se coller, se faire prendre et jouer avec l’adulte. Son éducatrice observe que la petite joue peu de façon autonome et qu’elle la cherche toujours du regard. Élaine réagit quand d’autres enfants s’approche d’elle et crie et pleure. Maryse a remarqué que la petite panique lorsqu’elle quitte le local pour aller en pause. L’éducatrice de rotation lui a signalé que lors de sa journée de congé, l’enfant passe l’avant-midi à la porte et pleure pour voir Maryse. Élaine demande énormément d’attention aux éducatrices qui ne peuvent être disponibles seulement pour elle. Maryse voudrait bien trouver le moyen d’aider la petite Élaine à relever des défis, à créer des liens avec les autres mais surtout à avoir du plaisir au service de garde.

Comme plusieurs jeunes enfants, Élaine vit difficilement la séparation avec son éducatrice; elle se sent démunie, en perte de ressource lorsque son objet d’amour n’est plus dans son environnement. Son sentiment de sécurité se voit fragilisé selon les moments de vie, les situations de changement et les différentes relations d’attachement dans la journée; des stress qu’Élaine contrôlent avec difficulté. Ces comportements sont fréquents en début d’année lorsque l’enfant connaît peu l’éducatrice et son environnement. Après quelques semaines dans des routines stables, l’enfant reconnaît les attentes, les consignes et les moments de vie de son milieu. Il se sent en sécurité dans son groupe, une plus grande ouverture pour le jeu s’installe et la capacité d’être en relation avec l’autre est de plus en plus intéressante. Pour Élaine, la situation en est tout autrement. Son sentiment de sécurité doit être travaillé pour lui permettre de vivre des journées agréables et de créer des liens d’attachement avec plusieurs adultes.

À la base, le sentiment de sécurité se développe par le lien d’attachement. L’enfant développe sa sécurité avec les personnes significatives de son environnement. Le milieu de garde est l’endroit où l’enfant a la possibilité de créer des relations autres qu’avec maman et papa. Lorsque la base de l’attachement est solide, l’enfant se permet d’aller vers d’autres personnes sans avoir peur de perdre l’attachement déjà existant. Il sait qu’il peut retourner en tout temps à la base spatiale pour avoir réponse à ses besoins affectifs.

Pour aider un enfant qui manifeste de l’insécurité devant des situations ou des personnes nouvelles, l’éducatrice doit prioriser la stabilité dans les routines, règles et dans ses propres humeurs. Le milieu doit être sensible au roulement du personnel qui peut créer un sentiment d’insécurité surtout chez le petit. Des règles de conduites constantes, réalistes et logiques permettront à l’enfant d’anticiper les événements et de mieux les comprendre. Certaines activités de gestion de stress peuvent également aider l’enfant à réduire ses crises de panique devant une situation nouvelle. Dans la relation d’attachement avec son éducatrice, l’enfant doit sentir une disponibilité affective de l’adulte. Plus l’éducatrice manque de constance dans les demandes affectives de l’enfant, plus l’insécurité sera présente chez le petit. L’enfant va mettre ses énergies pour retrouver la disponibilité de l’éducatrice et ce en cherchant son attention par différents moyens (demandes excessives, pleurs, crises, comportements inacceptables, etc.)

Maryse a observé qu’elle devient tellement vidée de ses énergies par les demandes d’Élaine qu’il lui est difficile d’être constante dans ses marques d’affection. Le matin, elle accueille la petite avec beaucoup de patience et de tolérance, mais, en après-midi elle se sent vraiment dépourvue car les demandes persistent malgré toute l’affection qu’elle lui donne. Son attitude est alors plus détachée, elle la laisse pleurer et elle refuse même de la prendre tant qu’elle est épuisée. L’éloignement de l’éducatrice insécurise davantage l’enfant. Maryse doit nommer à Élaine ses intentions «je sais que tu veux que je te prenne mais présentement c’est pas possible parce que…». Encourager l’enfant à jouer, favoriser le grandir de l’enfant, nommer le plaisir que vous avez de jouer avec elle pour inviter les autres vers elle. De cette façon Élaine va développer des situations de jeux pour avoir l’attention de l’adulte et réduire son besoin constant DES BRAS, DES BRAS.

Maryse comprend maintenant mieux l’attitude de la petite. Elle veut se donner des moyens pour encourager le sentiment de sécurité d’Élaine. Après réflexion, elle constate que ses routines sont stables dans le temps et dans la façon de les exercer. Elle remarque par contre, qu’elle oublie d’informer les enfants de certains changements (par exemple lorsqu’elle quitte le local pour sa pause, lorsqu’elle est remplacée pour la période du dodo ou pour sa journée de congé). Les moyens que Maryse peut mettre en place pour aider la petite peuvent être par exemple de nommer et montrer des images sur les moments de la journée, utiliser des photos (maman, papa, éducatrice de rotation, éducatrice du groupe, les photos des amis). Un jeu de photos à la disposition de l’enfant va permettre à Élaine d’avoir des images affectives dans des moments plus difficiles. Elle peut aussi parler plus à l’enfant de ses émotions, par exemple: «je comprends que tu ne veux pas que je te quitte mais je dois partir pour revenir demain. C’est Sylvie qui vient jouer avec toi», lui montrer sur la photo. Lorsqu’elle se déplace dans le CPE, Maryse peut demander à Élaine de la regarder partir et lorsqu’elle la voit revenir lui dire «coucou». Elle peut aussi chanter dans ses déplacements, l’enfant va être attentif au timbre de voix. Ce qui peut apaiser son stress. Favoriser les mises à distance progressive, introduire un jeu avec l’enfant, s’éloigner lorsque d’autres s’y intéressent avec elle. Valoriser le plaisir de jouer en dyade soit avec Pierre-Luc ou Aline.

Après un mois de mise en application de différents moyens d’intervention, Maryse observe des changements dans les comportements d’Élaine. Voyez comment à l’aide d’une fiche d’observation l’éducatrice a pu voir l’évolution de la petite. Le 15 décembre, je vous parlerai des bienfaits de cette fiche dans le texte LES PLAISIRS D’ÉLAINE…