Jean-Luc, quatre ans et demi, tire la langue, fait rire les enfants avec des mots rigolos, cache des objets ou les ustensiles au repas en prétextant qu’il en manque. Ses pitreries dérangent parfois le fonctionnement du repas ou des transitions. Il aime bien jouer des tours. Je le réprimande sans résultat. Il continue à faire le clown devant les autres.

Jean-Luc se montre espiègle et joue la comédie pour attirer l’attention des pairs et de l’adulte. Le petit clown devient le centre d’attraction, on rit ou on le gronde mais on le regarde. Le regard des autres l’aide à se sentir apprécié. Il se distingue des autres, on le remarque, il sent qu’il a une place à part entière dans le groupe. Le bouffon est en quête d’attention, il a besoin de s’assurer de l’amour que les autres lui portent. D’ailleurs, certains comiques se montrent particulièrement amusants lorsqu’ils se retrouvent dans une situation gênante. Ils sauvent la face en faisant rire les témoins de leur bêtise.

Les bouffons sont très sensibles aux autres. Ils observent les interactions autour d’eux, remarquent les détails et décodent bien les autres. Ils sont très sensibles à ce que les autres pensent d’eux. Ils ont un grand besoin de reconnaissance. Il est donc essentiel de préserver leur dignité lors des interventions. On doit l’inviter à nous rejoindre en privé et lui expliquer que ses petites folies ont amusé les amis mais les ont aussi empêchés de faire tel ou telle chose. On lui exprime ainsi notre affection et l’amène peu à peu à prendre conscience de l’impact négatif des pitreries à telle occasion.

Il faut mettre en place des situations où l’enfant peut divertir les autres sans provoquer un effet de contagion pouvant nuire à la sécurité ou au fonctionnement du groupe. Le bouffon appréciera les jeux de théâtre, de rimes, de marionnettes où il pourra laisser libre cours à sa comédie. Les causeries en groupe, les échanges avec l’éducatrice amusée par ses propos seront aussi des occasions où le petit clown pourra faire rigoler et se sentir aimé.

Les réprimandes publiques, les punitions devant le groupe ne feront qu’amplifier son besoin d’être apprécié par les autres. Plus il se sentira aimé, reconnu moins il cherchera à être le point de mire. N’oubliez pas qu’il tient avant tout à maintenir le lien privilégié qu’il entretient avec vous.

D’ailleurs, un peu de folie collective détend et dédramatise. Alors rions un bon coup lorsque la sécurité est préservée. L’éducatrice qui rit avec les enfants lorsque la situation s’y prête accorde l’attention positive et soustrait le clown de l’attention négative des réprimandes qu’il recherche parfois dans sa quête d’être le point de mire.