Mon fils Émile, 5 ans, passe beaucoup de temps devant l’écran de la télévision. Les images le captivent, il veut voir la fin de son émission et reste rivé à son fauteuil. Je dois l’appeler plusieurs fois et parfois je dois hausser le ton pour qu’il vienne souper ou se coucher. J’ai l’impression qu’il est devenu dépendant de la télé. Ai-je raison de m’inquiéter? Quelles limites dois-je lui imposer?

Selon l’American Academy of Pediatrics, l’enfant qui écoute trop de télévision peut développer des problèmes de santé (obésité par manque d’exercice et consommation d’aliments sucrés mise de l’avant par les bandes annonces), des problèmes d’attention, d’agressivité et d’estime de soi.(1) Elle peut aussi créer une forte dépendance. D’ailleurs, des études américaines (2) ont constaté que les enfants de 18 mois consommaient environ 14 heures de télévision par semaine alors que les enfants d’âge préscolaire utilisaient la télévision jusqu’à 23 heures par semaine. Lorsqu’on examine quelles émissions sont regardées par les enfants, moins de 25 % d’entre elles ont un contenu qui leur est effectivement destiné.

La télévision est une fenêtre extraordinaire sur le monde et est là pour rester. Il ne s’agit pas de diaboliser l’écran mais plutôt de se doter de moyens afin que celui-ci soit constructif pour l’enfant. Nous devons reconnaître qu’avant d’être la télé-nounou qui captive l’enfant, elle a été la pause-télé pour le parent à qui cette merveilleuse boîte à images donnait le temps de préparer le repas et de se détendre un peu; la télévision ayant le pouvoir magique de réduire le nombre de bêtises à l’heure! Or, quand déloger l’enfant du fauteuil du salon devient une mission impossible, il devient impératif d’établir des règles d’utilisation de la télévision.

Ces règles édictent des limites au sujet du contenu des émissions, de la durée, du moment et du lieu d’écoute. La télévision doit être allumée par le parent ou avec sa permission. Il est le décideur empathique qui conçoit très bien que l’enfant soit attiré mais surtout reconnaît qu’il est le seul à juger de ce qui convient à son petit.

La télévision devient une source intarissable d’apprentissages lorsqu’elle suscite des échanges. Expliquez à votre enfant pourquoi une émission lui est défendue ou lui est permise, en parlant du contenu. Discutez avec lui des différences qui existent entre un programme et une bande annonce. Valorisez le comportement généreux d’un personnage ou encore échangez sur les moyens pacifiques que ce personnage a utilisé pour régler un conflit. La télévision peut devenir un prétexte pour discuter des valeurs prônées dans votre famille. Le magnétoscope permet aux parents de sélectionner les émissions qui respectent ces valeurs et de répondre au désir de l’enfant en préservant leurs besoins. Car au-delà de cette activité passive où l’enfant est spectateur passif, il y a un monde à découvrir dans l’action.

En ce qui a trait à la durée du visionnement, l’American Academy of Pediatrics(1) recommande de limiter à 1 ou 2 heures par jour le temps d’utilisation de la télévision. D’autres auteurs(2) restreignent même l’usage de 30 minutes à 60 minutes par jour.

Il y a des moments propices à l’écoute de la télévision. L’écoute télévisuelle ne doit pas empiéter sur les heures de sommeil, ni sur la période des repas. Les rituels de la période du sommeil doivent être respectés et il en est de même pour les repas.

En ce qui concerne le lieu, il est fortement déconseillé de placer la télévision dans la chambre de l’enfant et dans la salle à manger. La chambre de l’enfant doit demeurer un lieu de repos, de jeu ou d’études alors que la salle à manger doit permettre les échanges familiaux lors des repas. Sachez enfin que l’enfant doit être au moins à trois mètres de l’écran de télévision ou cinq fois la diagonale de l’écran si l’écran est surdimensionné.

Ce contrôle parental autour de la télévision s’exerce de la même manière qu’il se fait dans toutes les situations de la vie quotidienne, c’est-à-dire en offrant soi-même l’exemple. Comme parent, vous êtes l’inspiration de vos enfants!

[1] Wyckoff, J. (2005) L’enfant qui dit non. Les Éditions de l’Homme.
[2] Webster-Stratton, C. (2001) Incredible years. Umbrella Press.