On sait l’importance de créer d’abord un lien avec chaque enfant dans son milieu de garde. C’est « La » porte d’entrée pour l’accompagner, le soutenir dans les multiples expériences qu’il vivra avec nous et les autres enfants.

C’est par des soins adéquats et des réponses de façon sensible aux besoins de l’enfant, qu’on qualifiera ce lien. Et bien sûr l’attachement c’est l’histoire des interactions entre une personne significative et cet enfant.

Quel est le besoin d’un enfant lorsqu’il pleure, parfois très fort, au départ de ses parents ? On voudra rapidement le rassurer, le réconforter, lui changer les idées et le divertir mais prenons-nous le temps d’abord d’accueillir l’émotion qu’il ressent ? Lui nommer ce qu’on perçoit (les signaux de tristesse sur son visage, dans sa voix, dans son corps…) et surtout, lui dire qu’on comprend sa tristesse. L’enfant a besoin d’être entendu, accueilli dans ce qu’il vit et a besoin d’être rassuré. Parfois, nous souhaitons que certain comportement change rapidement. Accueillir le rythme de l’enfant, est tout aussi important et s’avère parfois un autre défi pour l’adulte.

« Samuel, je vois la grosse peine que tu vis : les larmes coulent de tes yeux, tu es triste et tu aimerais que maman reste ici avec toi. Je comprends ta peine. »

Très souvent, on cherche rapidement à calmer, à « contenir » l’émotion de l’enfant plutôt que d’accueillir l’émotion en la nommant et en se montrant sensible à ce que ressent l’enfant tout simplement. Bien sûr on pourra ensuite, offrir des moyens pour l’aider à s’apaiser (doudou, le prendre dans nos bras, chercher un objet…).

Cela vaut pour la tristesse, la joie, l’envie, la colère…

On n’a qu’à se rappeler une situation où on a été très en colère et qu’un ami, bien intentionné face à notre colère (peut-être veut-il nous aider à mettre en perspective…), nous ait dit : « Ben voyons, tu t’en fais pour rien ! … » et de sentir la colère, monter en nous d’un cran, en se disant : « Qui il est, lui, pour me dire que j’m’en fais pour rien ! »

A la même situation, si cet ami nous dit : « Ouais, je vois que ça vient vraiment te chercher… », on se sent alors compris, entendu et cela a pour effet de nous apaiser.

Joséphine tape du pied et crie : « Non ! »  Son ami Benjamin vient de prendre le casse-tête qu’elle voulait. On peut lui dire : « Oh Joséphine, je le vois et je l’entends que tu es fâchée : tu tapes du pied, ton visage est rouge et tu cries… Tu le voulais ce casse-tête et tu es vraiment déçue de ne pas l’avoir. C’est difficile d’attendre, je comprends que tu sois fâchée. » On peut ensuite lui proposer des moyens pour faire face à la colère.

Chaque fois qu’on saisit le moment pour accueillir l’enfant dans ce qu’il vit, on vient lui signifier qu’il est important, qu’on est sensible à ce qu’il vit, et que nous y portons un intérêt. L’enfant pourra développer ce sentiment de sécurité que l’éducatrice est là, tant dans les moments agréables que lorsque ça va moins bien…

Bien entendu, lorsqu’il y a agression, on arrête d’abord le comportement, on se préoccupe de l’agressé puis, on pourra nommer et légitimer l’émotion de la colère chez l’enfant qui a perdu contrôle, tout en affirmant ne pas accepter les coups et proposer des moyens pour faire face à la colère.

Nous avons maintes occasions quotidiennement d’arrêter le temps pour porter une attention à ce que l’enfant vit et fait : à lui manifester la joie d’être assis à ses côtés, à accueillir sa peine, sa colère, son envie ou son inquiétude. Ainsi nous tissons petit à petit le lien si précieux qui unit l’éducatrice et l’enfant.