Ouste les écrans, en arrivant et en quittant le milieu de garde!

Sebastian et Laurie, parents de 2 garçons de 2 ans et demi et 4 ans, ont décidé de prendre un virage serré en ce qui a trait à la gestion des écrans lors des déplacements en voiture et lors de l’arrivée à la maison.  Sans trop le réaliser, la tablette et le téléphone se sont incrustés dans la gestion quotidienne de leurs marmailles.   Les enfants quémandaient la tablette après le déjeuner, une bonne source de motivation pour la réalisation des tâches, puis dans la voiture pour se rendre au milieu de garde.  Pour donner un répit, rien de plus efficace, mais à quel coût au niveau de la santé psychologique de leur petite famille.

Une fois arrivé à la garderie, ils étaient confrontés à des crises fréquentes car les enfants ne voulaient pas délaisser leurs écrans pour aller rejoindre leurs camarades.  Même scénario, le soir au retour.  Les enfants étaient hypnotisés et ne voulaient pas descendre de la voiture une fois arrivés à destination, ou encore voulaient poursuivre une fois entrés dans la maison ce qui interférait avec le temps de qualité en famille.  L’opposition, les crises étaient alors monnaie courante.

Une journée, en allant chercher les enfants au milieu de garde, les parents furent ébranlés par les effets négatifs insidieux occasionnés par les écrans, en si peu de temps.   Ils eurent un gros pincement au cœur, lorsqu’ils ont réalisé que les enfants étaient plus intéressés par les écrans que par leurs étreintes et bisous.  Puisqu’en semaine, le temps passé avec leur enfant est le matin et en fin de journée, ils ont décidé d’évacuer les écrans de ces importantes plages de temps afin d’investir différemment ces moments précieux où l’on se quitte pour la journée et on se retrouve en fin d’après-midi.

C’est en fouillant sur leurs écrans, la vie est remplie de paradoxes, qu’ils ont trouvé plein d’activités toutes simples à l’intention des parents ou des adultes œuvrant auprès des jeunes enfants, dont la plate- forme www.sansecran.ca développée par le Conseil québécois des services éducatifs à la petite enfance et la participation du ministère de la famille.   Ce site propose une foule d’outils pédagogiques gratuits facilement réalisables avec du matériel à porter de main.  Pour le personnel éducateur, les domaines de développement ont été identifiés sur chaque fiche.

Pour la voiture, ils ont également trouvé des idées sur ce site : https://www.tourismemauricie.com/article/17-jeux-a-faire-en-auto-sur-la-route-des-vacances-pour-divertir-petits-et-grands-enfants/

Finalement, au retour à la maison, avant d’enchaîner la liste de tâches à faire, dont le fichu souper, les parents ont choisi de prendre 10-15 min pour s’amuser ensemble et se manifester physiquement de l’affection, en se collant ou en se «chamaillant», au grand bonheur des garçons. Et si cela se déroule dans la bonne humeur et le rire, c’est encore mieux, car comme disait Charlie Chaplin « Le rire est le chemin le plus direct entre deux personnes »  George Tarabulsy, professeur à l’École de psychologie de l’Université Laval et directeur scientifique du centre de recherche universitaire sur les jeunes et les familles du CIUSSS de la Capitale-Nationale indique  « Il y aurait même plus de liens qui se créent entre les neurones d’un enfant qui reçoit beaucoup d’affection ».

Dans son article vulgarisé, Human Connections Start With A Friendly Touch, (NPR,  September 20, 2010) explique qu’une des retombées positives des câlins est l’augmentation de l’hormone d’ocytocine, qui a un effet au niveau du sentiment de confiance au niveau des relations interpersonnelles. L’article mentionne :  «Une succession d’impulsions électriques ralentit le cœur et abaisse la tension artérielle, ce qui atténue le stress et donne un sentiment d’apaisement. Cette cascade complexe dans le cerveau et le corps s’amorce par un simple geste tactile de soutien».

Les autorités en santé publique très inquiètes de l’augmentation du temps d’écran chez les enfants.

En ce qui a trait aux jeunes enfants, l’institut national de santé publique (INSPQ) dans son document :   « L’utilisation des écrans en contexte de pandémie de COVID-19 — quelques pistes d’encadrement » présente les recommandations de La Société canadienne de pédiatrie à cet effet :

« L’utilisation parentale des écrans peut également entraîner des conséquences sur le développement psychosocial du jeune enfant, notamment :

  • en diminuant les contacts directs qui représentent des occasions d’apprentissage plus enrichissantes;
  • en augmentant les échanges négatifs ou les réponses parentales agressives face à des comportements inappropriés chez l’enfant.

Face à ces constats et afin de promouvoir un sain développement chez les jeunes enfants, la Société canadienne de pédiatrie a énoncé quatre principes, destinés aux parents et aux professionnels de la santé, qui devraient guider l’encadrement de l’usage des écrans :

  1. Limiterle temps d’écran (aucune exposition pour les enfants de moins de deux ans et moins d’une heure par jour pour les enfants de deux à cinq ans) et maintenir des périodes sans aucune utilisation, surtout avant l’heure du coucher;
  2. Atténuerles risques par une présence et une surveillance du contenu;
  3. Être attentifà l’utilisation des écrans pour qu’ils ne remplacent pas les interactions réelles et dynamiques avec un adulte bienveillant, qui demeurent la meilleure source d’apprentissage et de développement;
  4. Donner l’exempled’une saine utilisation, par exemple, en remplaçant le temps d’écran par d’autres activités comme la lecture et le jeu extérieur, ou en éteignant les appareils durant les moments passés en famille. »

 

Référence : Le temps d’écran et les jeunes enfants : promouvoir la santé et le développement dans un monde numérique. ( Paediatric Child Health, 2017;22(8):469-477)